Budget : François Bayrou “joue sa survie politique sur des mesures impopulaires”

Le premier ministre a présenté, mardi, une cure budgétaire de 43,8 milliards d’euros pour 2026, avec la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites. Des pistes immédiatement décriées par les oppositions qui menacent le gouvernement de censure.
C’est un “plan choc” pour Le Soir, “une tentative audacieuse de réduction de la dette publique” dévoilée par un “premier ministre centriste en difficulté” pour la BBC. François Bayrou, qui a pris ses fonctions en décembre 2024 à la suite de la chute du gouvernement de Michel Barnier sur le budget, s’est placé “sur la corde raide”, mardi 15 juillet, en présentant les grandes lignes de sa cure budgétaire pour 2026, commente El Mundo. Et ce “avec une cote de popularité basse (17 %), et très affecté par huit motions de censure successives et le scandale […] de Bétharram”.
Au menu, “un gel des retraites, la suppression de deux jours fériés et la mission presque impossible de réduire 43,8 milliards d’euros principalement dans les dépenses sociales”, résume le quotidien espagnol. “L’objectif est de réduire le déficit public à 4,6 % du PIB (avec la difficulté supplémentaire d’augmenter les dépenses de défense de 3,5 milliards dans le même temps, à la demande expresse du président Emmanuel Macron).”
Soit une potion budgétaire “drastique”, présentée “en plein cœur de l’été, un lendemain de 14-Juillet”, lors d’une longue conférence de presse, commente Le Soir.
Politico Europe souligne notamment le caractère “incendiaire” de sa proposition de suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai, jour qui commémore la victoire des Alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Le chef du gouvernement “joue sa survie politique sur des mesures impopulaires pour redresser des finances publiques dégradées”, résume le Financial Times. Cité par le journal, Mujtaba Rahman, le directeur général pour l’Europe du cabinet de conseil Eurasia Group va plus loin, qualifiant ces annonces d’“initiative kamikaze”.
François Bayrou s’est déclaré ouvert, mardi, à “d’autres idées” d’ici l’automne, date à laquelle l’Assemblée nationale devrait se prononcer sur ses propositions.
Mais il court le risque de voir son budget rejeté par le Parlement, ce qui pourrait entraîner la chute de son gouvernement, explique la BBC. Les “factions” qui avaient œuvré pour faire tomber le gouvernement Barnier pourraient “récidiver”.
La cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen, notamment, menace de renverser le gouvernement s’il ne revenait pas sur cette proposition de budget, souligne Politico. L’“impasse politique” rendrait alors la France “de plus en plus ingouvernable”.
Or depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale l’été dernier, le Palais-Bourbon est “profondément” divisé en trois blocs qui refusent de travailler ensemble, rappelle la chaîne britannique. Si le gouvernement Bayrou s’effondre, Emmanuel Macron devra choisir un successeur ou nommer un gouvernement de technocrates non élus. Mais le danger est aussi, pour le président de la République, de perdre ce dernier fusible. “Sa propre popularité est inférieure à 25 % et des voix se sont élevées pour qu’il se retire avant la fin de son second mandat en 2027, ce à quoi il s’est toujours opposé.”
Courrier International